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noirceur
13 mai 2014

Chroniques des terres malades

   Je ferme les paupières, et regarde vers l'intérieur, las de contempler un monde sans relief, sans texture, sans saveur, sans plus d'intérêt qu'un petit cube de fer lisse devant lequel une bande de spectres s'extasie.

Ce que je vois, c'est une lande désolée. Ce pays est en guerre, une guerre qui oppose une multitude de forces mystérieuse, une guerre dont la seule fin sera la destruction de toute la contrée par une de ses abominables puissances, une guerre dont la seule incertitude porte sur l'identité de celui qui arrachera la dernière feuille.

Nul ne sait quand elle a commencé. Ici, il ne reste pour toute trace de vie que quelques feuilles, accrochées à de misérables arbres rabougris, et des touffes de mauvaises herbes éparses sur un sol noirci. Le vent murmure qu'un jour la contrée était plus verdoyante, même si chacun sait qu'elle n'a jamais été un éden resplendissant. Mais même lui ne semble guère convaincu par son discours. Si personne n'est là pour se souvenir d'un été, si l'automne n'est guère plus qu'un écho dans l'esprit de certain sage, alors comment savoir si cet arbre aujourd'hui décharné a un jour porté des feuilles ? En vérité, même le vent ne sait plus si cette guerre a commencé. En tout cas nul ne sait quand elle se terminera. Mais personne ne peut imaginer qu'elle puisse encore durer plus de quelques instants.

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